Climat : canicules et grands hivers qu’ont vécu nos ancêtres

Orages, canicules, gelées, neige, tempêtes… Nos ancêtres ont eux aussi subi des conditions météorologiques difficiles. Retour sur ces événements climatiques.

Climat : canicules et grands hivers qu’ont vécu nos ancêtres

©️Gallica - BnF

En Europe, les premiers mois de l’année 2020 ont connu des températures records (+3°c par rapport à la moyenne depuis le début des relevés). L’hiver 2019-2020 et le premier trimestre 2020 ont été les plus chauds jamais enregistrés depuis le XXème siècle. Ce réchauffement climatique n’est pas sans conséquence : canicule, sécheresse, inondations, tempêtes et autres intempéries qui obligent les populations à s’adapter. 


Nos ancêtres ont eux aussi dû s’adapter aux aléas climatiques : retour sur quelques phénomènes climatiques importants et leurs conséquences sur la vie de nos ancêtres.



Des canicules mortelles…


Nombreux ont été les étés chauds, brulants, avec de nombreuses conséquences sur la vie de nos ancêtres : décès par centaines de milliers, récoltes médiocres, hausses des prix, épidémies, chômage…


On recense de fortes chaleurs depuis la nuit des temps mais ce n’est qu’au XVe siècle que le mot « canicule » voit le jour.

Celui-ci vient du latin « canicula » ou « petite chienne », nom donné à l’étoile Sirius de la constellation du Grand Chien. Sirius est la deuxième étoile la plus brillante après le Soleil et se couche et se lève aux mêmes moments que le Soleil du 22 juillet au 23 août. On parlait alors de « jours de canicule » les jours où Sirius était le plus visible, période qui correspondait également aux journées les plus chaudes. 


Le climatologue Van Engelen a fait la liste des « étés brulants » depuis le XIVe siècle, retour sur quelques-uns d’entre eux : 


- Eté 1420 : le printemps chaud annonce des récoltes précoces. On retrouve dans les archives des indications sur certaines cultures : les cerises et les blés sont mûrs à la fin du mois de mai, le muguet est fleuri au 10 avril et on vendange à la mi-août.


- Eté 1556 : la vendange est précoce de nouveau mais le vin semble de qualité. La moisson, elle, est médiocre, et des incendies de forêts sont à déplorer jusqu’en Normandie. 


Eté 1636 : partout en France, plus de 500 000 personnes décèdent de maladies infectieuses (la vase et l’eau sont infectés).


Eté 1705 : il fait 39°c à Paris pendant plusieurs jours, encore plus chaud dans le sud de la France… Cet épisode caniculaire fait entre 200 000 et 500 000 victimes. 


Etés 1718 et 1719 : un couple particulièrement mortel. 700 000 décès sont à déplorer, dont 450 000 sur l’été 1719. Les eaux sont impropres à la consommation à cause de la sécheresse, la majorité des victimes décèdent de dysenterie. Les récoltes sont médiocres et les prix augmentent fortement, l’Etat intervient pour contrôler les prix du grain et interdit l’exportation. L’été 1719 est aussi marqué par une invasion de sauterelles d’Afrique du Nord jusqu’au Languedoc qui ravagent les cultures. La Seine atteint un niveau bas historique : un tout petit peu plus de 26m au-dessus du niveau de la mer. 


Eté 1747 et été 1779 : 200 000 victimes pour chacune de ces périodes dont la grande majorité sont des nourrissons et des enfants.


Eté 1788 : ce n’est pas la chaleur qui fait des ravages mais l’impressionnant orage du 13 juillet. Les récoltes de blé sont détruites, une période de disette s’annonce…


Eté 1846 : le pays fait encore face à la maladie de la pomme de terre de 1845, des centaines de milliers de personnes décèdent et la France connait la misère et le chômage dans les secteurs du textile et du bâtiment. 


Eté 1859 : le mois de juillet est le plus chaud de l’histoire. On dénombre 100 000 décès dont 60 000 enfants de moins de 5 ans…


Le Charivari, 14 août 1854 - Retronews


Le Charivari, 14 août 1854 - Retronews


…aux hivers extrêmes


Nos ancêtres ont également du affronter des hivers rudes et extrêmement froids : 


- Hiver 1364-1365 : un des sept hivers les plus rigoureux que la France ait connu, il est long, intense et les chutes de neige sont fortes. On compte 15 à 20 semaines de gel et le gel des grands fleuves. Le bois coûte cher, les prix du blé doublent et les arbres et vignes sont gelés.


- Hiver 1708-1709 : sept vagues de froid sont recensées cet hiver avec plusieurs périodes de gel. La température minimum est de -20,5°c à Paris. La récolte des blés d’hiver est fortement impactée. On recense près de 600 000 décès. 


- Hiver 1788-1789 : cet hiver est très rude, la température moyenne à Paris de -6,8°c : un record de froid pour une moyenne.


- Hiver 1879-1880 : la Seine reste gelée pendant tous le mois de décembre. On recense -25,6°c le 17 décembre à Paris. Le dégèle de la Loire et de la Seine causent des dégâts sur leur passage dont la destruction du pont des Invalides. 


- Hiver 1890-1891 : l’hiver est précoce dans le nord de la France. Les températures sont négatives sur une grande partie de la France de novembre à février, c’est une longue période. Les semis sont endommagés et la récolte de la moisson sera mauvaise. 


Les grands phénomènes climatiques tels que les canicules ou les hivers rudes s’ajoutent aux intempéries saisonnières comme les pluies à l’automne ou la grêle au printemps. Ces phénomènes météorologiques et leurs conséquences ont marqué plusieurs générations de nos ancêtres. L’amélioration des conditions de vie et les progrès de la médecine ont permis de diminuer le nombre de victimes de maladies infectieuses, conséquences de la sécheresse et des hivers glaciaux. 

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