Petite histoire du terme « féminisme » et bref historique des vagues du féminisme en France.
©️Gallica - BnF
Depuis le mois de juin 2020, « une femme » a enfin sa page (parodique) sur Wikipédia. La biographie d’une femme est très fournie et en effet «Une femme est une journaliste, dirigeante d'entreprise, chimiste, diplomate, économiste, évêque, rabbin, imam, physicienne, sportive de haut niveau, directrice sportive, pilote de chasse, brasseuse, autrice de bande dessinée et personnalité politique. Son activité scientifique lui a valu d'être récompensée par cinq prix Nobel de chimie, mais une seule médaille Fields." Cette page sur Wikipédia permet de mettre en lumière l’invisibilisation des femmes dans les médias, entres autres.
Mais le saviez-vous ? Des femmes, anonymes ou non, militent depuis le Moyen Âge pour l’égalité des droits pour toutes et tous.
Avant de commencer cet article, revenons sur la définition du féminisme telle qu’on la retrouve dans le Larousse : (Le féminisme est un) « mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». Est considéré comme féministe celui ou celle « qui vise à étendre ce rôle et ces droits des femmes ».
Alors que les femmes sont invisibilisées, effacées depuis des siècles, au Moyen-Âge, déjà, les noms de celles qui pouvaient avoir une rôle ou une position importante n’étaient pas mentionnés dans les écrits. Quelles soient issues de familles nobles, épouses influentes, voire même reines, leur identité n’a cessé d’être anonymisée au profit des noms des hommes jugés plus dignes d’être reconnus et retenus.
Bien plus tard et à l’origine des débuts du terme « féminisme » en France se trouvent des auteurs et philosophes. D’abord, Christine de Pisan, auteure de la Cité des Dames (1404) et du Livre des trois vertus à l’enseignement des dames (1405), est considérée par Simone de Beauvoir comme la première femme à dénoncer la misogynie.
Dès le XVIIe siècle, Marie de Gournay exprime l’importance de l’accès à l’éducation pour les jeunes filles. Mais on attribut le terme « féminisme » à Charles Fourrier (1772-1837), véritables défenseur de l’égalitarisme dans ces écrits philosophiques. Ensuite, c’est Alexandre Dumas fils qui dans L’Homme-Femme (1872) évoque le féminisme dans son sens actuel mais de manière plutôt péjorative. Il faudra attendre 1882 et la plume d’Hubertine Auclert pour que le féminisme soit défini positivement pour lutter pour l’amélioration de la condition féminine.
Alors que les anglaises s’élèvent dès le XVIIe siècle contre la « domination masculine » prônée par le système politique de John Locke, c’est la Révolution française qui en France marquera les prémices des vagues féministes à suivre.
Le marquis de Condorcet et Olympe de Gouges sont deux figures importantes de ces débats sur les droits des femmes en pleine période révolutionnaire. Le marquis de Condorcet réclame, dès 1790, dans son article Sur l’admission des femmes au droit de cité, que les femmes obtiennent le droit de vote. Quant à Olympe de Gouges, elle rédige en 1791 la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne pour réclamer l’égalité des droits civils entre les hommes et les femmes.
On considère que la première vague féministe s’étend de 1860, avec les publications d’ouvrages consacrés à l’égalité des sexes de André Léo (a.k.a. Léodile Champseix), jusqu’à 1945.
Au début de ce mouvement se trouvent des femmes qui s’associent (comme avec l’Association pour l’amélioration de l’enseignement des femmes en 1866, ou la Société pour la revendication des droits civils de la femme en 1869) et qui publient de nombreux textes et ouvrages pour défendre l’égalité des sexes, la libération de la femme et l’accès à l’éducation. Bien que le premier Congrès international du droit des femmes soit organisé en 1878, les femmes sont cantonnées aux rôles de mères et épouses et peinent à faire valoir leurs droits. Dès la fin du XIXe siècle, le nombre d’associations féministes augmente et elles multiplient leurs actions. Les guerres mondiales viendront freiner leurs efforts, il faudra d’ailleurs attendre 1945 et de longs débats pour que les femmes puissent voter pour la première fois.
Dès 1949, Simone de Beauvoir et son essai Le Deuxième Sexe marqueront les débuts de la seconde vague féministe en France. Mai 68 sera aussi le moyen pour les femmes de se battre pour la reconnaissance du travail domestique, la libération de la sexualité et le droit à l’avortement. Droit gagné lors de l’adoption de la loi Veil en 1975 après le droit à la contraception de 1967 et 1974.
Les débats féministes sont au coeur des considérations actuelles avec les mouvements des Femen ou Balance ton porc qui tendent aujourd’hui à combattre l’oppression, le sexisme et le harcèlement de rue.