Découvrez le parcours extraordinaire d’Alice Guy, première réalisatrice de l’histoire du cinéma, et son incroyable héritage méconnu.
Elle a tourné plus de 1 000 films, dirigé les plus grands acteurs de son temps et révolutionné l’art de raconter des histoires à l’écran. Pourtant, son nom est longtemps resté dans l’ombre. Alice Guy, née au XIXe siècle, est pourtant l’une des premières – sinon la première – réalisatrices de l’histoire du cinéma. À une époque où les femmes n’avaient que peu de place dans les arts ou les affaires, elle s’impose comme une pionnière, libre, audacieuse, et terriblement en avance sur son temps. Plongée dans la vie fascinante d’une femme qui mérite enfin de retrouver sa place dans notre mémoire collective.
Alice Guy voit le jour en 1873 à Saint-Mandé, en région parisienne, mais c’est en Amérique du Sud qu’elle passe ses premières années. Fille d’un libraire installé au Chili, elle grandit entre deux cultures, avant de revenir en France après le décès de son père. Cet aller-retour entre les continents marquera toute sa vie : Alice Guy sera toujours une femme de mouvement, de voyages, d’expérimentations.
source : AD du Val-de-Marne
En 1894, elle entre comme secrétaire chez Léon Gaumont, tout juste lancé dans la grande aventure du cinéma naissant. Très vite, cette jeune femme curieuse et débrouillarde va faire bien plus que prendre des notes : elle va proposer, réaliser, produire. Une audace folle pour l’époque.
En 1896, à seulement 23 ans, Alice Guy tourne La Fée aux choux, considéré comme l’un des tout premiers films de fiction. À l’époque, le cinéma est encore un art balbutiant, réservé à la captation du réel. Elle, elle y voit déjà un terrain d’imaginaire, une scène pour raconter des histoires.
Elle devient alors la première femme cinéaste de l’histoire, et la toute première à diriger des comédiens, à penser des effets spéciaux, des décors, à jouer avec les genres. Drames, comédies, films sociaux, Alice Guy explore tout, sans jamais se laisser enfermer. Entre 1896 et 1907, elle réalise des centaines de films pour Gaumont, dont certains font le tour du monde.
En 1907, elle épouse Herbert Blaché et part s’installer aux États-Unis. Là-bas, elle fonde sa propre société de production : la Solax Company.
Encore une fois, Alice Guy est la première : première femme à diriger un studio de cinéma, avec ses propres infrastructures, ses équipes, ses caméras. À Fort Lee, dans le New Jersey – berceau oublié du cinéma américain – elle continue à tourner, à innover, à s’imposer.
Mais les temps changent. La Première Guerre mondiale, la montée en puissance de Hollywood, les difficultés personnelles et financières... Peu à peu, Alice Guy est évincée du système qu’elle a contribué à bâtir. De retour en France dans les années 1920, elle tente en vain de faire reconnaître son œuvre.
Alice Guy meurt à 94 ans, en 1968, presque inconnue du grand public. Ce n’est que récemment que son nom refait surface, grâce à des historiens, des cinéphiles, des militants de la mémoire. Son parcours résonne aujourd’hui comme un modèle de liberté et de résilience : une femme qui a osé s’inventer un métier, imposer sa vision, et graver son empreinte dans l’histoire du 7e art.
À travers les archives, les films retrouvés, les correspondances, c’est tout un pan oublié de notre patrimoine culturel que nous redécouvrons. Parce que la généalogie, ce n’est pas seulement remonter des arbres : c’est aussi rendre justice à celles et ceux qui ont fait notre monde.