Adam et Eve ont bien existé. L’Adam chromosome Y et l’Eve mitochondriale, plus précisément. Mais ils ne se sont, par contre, jamais connu… Explications
Pour rappel : les humains possèdent tous 23 paires de chromosomes dont une paire de chromosomes sexuels. On retrouve la paire XX chez les femmes et la paire XY chez les hommes. Les femmes transmettent un chromosome X à l’enfant, qu’il soit un garçon ou une fille et l’homme transmet soit un chromosome Y soit un X à l’enfant. C’est cette association qui déterminera le sexe biologique de l’enfant.
Nous sommes en 1905, en Californie, Nettie Stevens vient d’identifier le rôle des chromosomes X et Y et confirme que le sexe de l’enfant est déterminé par ces chromosomes. Voilà le résultat de plusieurs années de recherches génétiques – l’une des plus grandes découvertes biologiques génétiques du XXe siècle.
Nettie Stevens nait en 1861 dans le Vermont. Très studieuse et réfléchie, elle se dédie à une carrière dans l’enseignement. Elle enseignera l’anglais, le latin, les mathématiques et la physiologie, entre autres… avant de décider, à 35 ans, de se lancer dans des études de biologie. Nettie Stevens décide de se spécialiser dans l’étude des cellules avec un doctorat en cytologie (*cyto : du grec kutos [cyto-, -cyte, -cytie], cellule ; * logie, logiste : du grec logos[log(o)-, -logie, -logique, -logiste, -logue] science, discours, raison) en Pennsylvanie. Là-bas, elle mènera toutes ses recherches sur les cellules isolées de leur tissu, des recherches menées sur des insectes divers (termites, criquets, cafards…). C’est d’ailleurs en étudiant la larve d’un coléoptère que Nettie fera sa découverte concernant l’existence de deux chromosomes, X et Y, dans la définition du genre.
Cette découverte ne sera pas reconnue par ses pairs qui pensaient à l’époque que le sexe était déterminé par la mère et d’autres facteurs environnementaux. Il va de soi d’ajouter que la place des femmes scientifiques, qui réussissent qui plus est, était bien loin des projecteurs. Nettie mourra 7 ans après, en 1912, d’un cancer du sein. C’est son directeur de thèse, Thomas Hunt Morgan, grand généticien, qui obtiendra alors le prix Nobel de médecine (à sa place, sans la créditer) en 1933.
Et oui, comme nous vous le disions un peu plus haut, Adam a bien existé. Il est même plus connu sous le nom d’ « Adam chromosome Y » ou « Adam génétique ». Cet être est, en fait, l’ancêtre commun en ligne agnatique (filiation par les mâles, de père en fils) du plus grand nombre de personnes vivantes à l’heure actuelle. Il a laissé son chromosome Y à la grande majorité des hommes d’aujourd’hui. Depuis 2013, différentes sources affirment que l’aïeul de l’humanité a été retrouvé en remontant jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’années. Certains affirment que cet « Adam génétique » est Gengis Kahn (et qu’il aurait transmis son chromosome Y à près de 16 millions d’hommes), tandis que d’autres pensent plutôt à Giocangga, ancêtre de la dynastie impériale chinoise. Finalement,le dernier « Adam » en date serait Africain et aurait plus de 348 000 ans.
Dingue non ?
Pour parfaire le mythe, il va de soi qu’Eve a elle bien aussi existé. Ce ne sont par contre pas les chromosomes X qui permettent de remonter jusqu’à elle, mais ses mitochondries (des organites que l’on retrouve dans nos cellules et qui ont leur propre ADN). Celles-ci se transmettent uniquement de la mère à l’enfant. L’homme ne transmettant pas ses mitochondries à ses enfants (car la transmission se fait via les ovules), c’est la suite de la transmission de mères en filles qui permet de remonter jusqu’à notre « Eve mitochondriale » ou « Eve génétique ». Les études de l’ADN et des fossiles démontrent, à l’heure actuelle, que notre « mère commune » viendrait d’Afrique et aurait vécue il a plus de 100 000 ans.
Bien que tous les deux portent le nom du premier couple biblique, nos Adam et Eve génétiques ne se seraient jamais rencontrés. Ils ont même très certainement vécus très éloignés géographiquement l’un de l’autre, certains pensent même à différentes époques…
Sachez que vous pouvez vous aussi devenir le futur Adam ou la futur Eve. Il suffit que vous ayez de nombreux garçons – ou filles, et qu’eux même transmettent leur chromosome Y ou mitochondries de manière ininterrompue, pour ainsi faire de vous l’ancêtre commun de la majorité des futurs contemporains. Alors… au boulot !