NASA, Mars 2020 : quand nos ancêtres regardaient le ciel...

Des éclipses de Lune ou de Soleil, des aurores boréales et des comètes racontés par nos ancêtres dans les Archives.

NASA, Mars 2020 : quand nos ancêtres regardaient le ciel...

©️Gallica - BnF

La mission américaine Mars 2020 a été lancée le 30 juillet 2020 depuis la Floride. L’astromobile Persévérance a pour objectif de rechercher des traces d’une vie passée sur la planète rouge. 


Cette mission nous fait nous sentir tout petit face à l’immensité de l’espace. C’est surement ce que devaient ressentir nos ancêtres quand ils été amenés à observer des phénomènes célestes. Retour sur quelques uns d’entre eux, leurs récits dans les archives et les ressources à consulter. 


A noter : Tous les liens présents dans cet article vous guident vers les sources utilisées. Afin de faciliter la lecture pour tous, les transcriptions d’actes ont été rédigées dans un français actuel. 



Des éclipses de Lune et de Soleil 



Les éclipses de Lune et de Soleil ne cessent de fasciner. Longtemps, nos ancêtres ont vu en elles les prédictions d’évènements funestes, une cause surnaturelle voire l’intervention d’un Dieu ou d’un démon. 


La première description d’une éclipse date du VIe siècle av. J.-C.. C’est le philosophe Anaxagore, qui en parle comme de l’ « interposition d’astres noirs, comme des nuages, à cours régulier ». Il faudra attendre la proposition d’Empédocle qui sera le premier à proposer une explication correcte de ce phénomène.


On a également retrouvé sur des pierres très anciennes des descriptions d’éclipses totales du Soleil. C’est le cas par exemple de l’éclipse du Soleil du 26 septembre 322 avant J.-C. à Babylone ou de celle du 17 juillet 709 avant J.-C. à Ch’u-Fu. 


Bien plus récemment, nos ancêtres ont eux aussi été les témoins de ces éclipses, et ce sont les curés qui en parlent le mieux dans les archives…


D’abord à Montpellier dans l’Hérault, le 7 juin 1415, un acte rédigé en latin fait état d’une éclipse qui dura presque une demi-heure, « c’est pourquoi tout fut obscur ». (voir l’image)


Plus de deux siècles plus tard, à Cérilly dans l’Allier cette fois, le 20 janvier 1628, le curé de la paroisse décrit, sans grande conviction, une éclipse de Lune : « à neuf heures du soir nous avons eu la pleine lune ou c’est qu’il y a eu éclipse de lune », il ajoute « je l’ai mis en écrit pour jamais n’avoir vu telle chose, Dieu veuille qu’elle nous pronostique quelque chose de bon ». (voir l’image)


Plus tard, à Guitté dans les Côtes-d’Armor, le 12 août 1654, une éclipse de Soleil amène le prêtre à remercier Dieu de le prévenir par ce signe céleste : « parut une éclipse de soleil sur notre horizon qui rendit sa lumière fort triste toutefois sans perdre son jour. On fit faire procession générale craignant qu’elle n’eut autres accidents nuisibles mais Dieu a parût ? Et prévenir sont pauvre peuple dont nous lui rendons grâces ». (voir l’image)


Enfin, à Labastide-Esparbairenque dans l’Aude, le 11 juin 1676, nous retrouvons dans les archives une description précise d’une éclipse de soleil, dessin à l’appui. Le curé écrit : « Le 11 juin 1676, environs huit heures du matin, le soleil éclipsa, c’est-à-dire qu’il diminua insensiblement de sa rondeur et cela pendant une heure et demi, et retourna insensiblement à sa forme ordinaire sans qu’on accorda aucune diminution à sa clarté et sa forme vint à peu près comme cette figure ».  



Source : http://geneadom.free.fr/meteo/Aude/actes11.htm#labastide



Des aurores boréales, signes de bons ou mauvais présages ? 



Les aurores boréales étaient facilement observables en Europe il y a plusieurs siècles. Ces dernières ont largement fascinés nos ancêtres qui ont longtemps inventé des histoires pour expliquer leur origine. On associait différents présages en fonction de leurs couleurs, le rouge présageait d’un futur sanglant ou d’une guerre quand le vert et le bleu étaient plutôt de bon augure. 


C’est en 1621 qu’un français, Pierre Gassendi décrit et donne leur nom aux aurores boréales avant appelées aurores polaires. A nouveau, il n’est pas rare de tomber sur un écrit portant sur ce phénomène dans les registres. 


C’est le cas à Faye-la-Vineuse dans l’Indre-et-Loire, le 12 septembre 1621. Le curé de la paroisse Saint-George décrit : « une grande vision comme une grande bataille de feu et de Lune sur les neuf à dix heures du soir et nous voyions aussi clair comme s’il eut été en plein midi et ne fut point de Lune pour l’heure, donc le peuple en était ébahit et ladite clarté était générale ».  



Source : http://geneadom.free.fr/meteo/Indre-et-Loire/actes37.htm#faye



Puis vint l’aurore boréale la plus célèbre, du 19 octobre 1726 décrite par les curés de nombreuses paroisses de France : 

A Ferrière-en-Gâtinais dans le Loiret, le curé parle « d’une espèce d’arc en ciel qui se termina où la Lune devait en son temps se lever », « il sortait de cet arc des fumées blanches et resplendissantes toutes remplies de flammes et tout le ciel en feu dans bien des paroisses ». Il ajoute d’ailleurs « ce qui est de sûr c’est qu’on attribuera et on fera signifier les choses qui arriveront à ce phénomène ». (voir l’image). 


A la Chapelle-d’Andaine dans l’Orne les habitants ont plutôt pu observer « de tous côtés des flammes de feu en l’air » ce qui ne manqua pas de « faire trembler tout le monde ». (voir l’image)


A Hauterive dans l’Yonne, le curé rapporte ce « phénomène qui occupait toute l’étendue du ciel étoilé. Il fût vu par toute l’Europe à la même heure, avec le même commencement, progression et déclin ». On apprend également que « la consternation fut générale, le son des cloches qu’on entendait partout, les passions qu’on disait, le silence de la nuit augmentait les frayeurs, les églises étaient pleines de monde qui fondait en larmes ». Aussi, « des curés sont montés en chaire et la larme à l’oeil annoncèrent que le grand jugement était arrivé, des femmes enceintes en moururent de mort subite, des malades en eurent des rechutes mortelles »… (voir l’image). 



Des comètes, phénomènes astronomiques exceptionnels



Les comètes et leur halo lumineux étaient elles aussi interprétées comme un signe de bon ou mauvais augure. Les plus anciennes traces écrites des comètes aperçues datent de l’Antiquité et se trouvent dans les annales chinoises au XIe siècle av. J.-C.. 


Certaines comètes sont plus connues que d’autres à cause de leur taille et durée. C’est le cas par exemple de celles des années 1664 ou 1665, observées dans toute l’Europe et parfois mentionnées dans les registres. 


C’est le cas à Vitré, Ille-et-Vilaine, en décembre 1664 : « L’année 1664 à la fin du mois de décembre apparut une étoile du côté sud vers le midi, laquelle étoile commençait à apparaître à une heure après minuit et disparaissait vers l’appoint du jour », mais « quinze jours après, au commencement du mois de janvier de l’an 1665 en apparut une autre étoile », puis « de plus au mois d’avril suivant de la même année 1665 en apparut une troisième »… (voir l’image)


Plus tôt, à Bouillé-Ménard dans le Maine-et-Loire, le mois d’octobre 1580 est marqué par l’apparition d’une comète, celle-ci « avait sa queue tout droit derrière elle comme celle qui était apparue trois ans ou environs auparavant ». Le curé fait référence ici à la grande comète de 1577 aperçue dans toute l’Europe. (voir l’image)


A Bayon-sur-Gironde, en Gironde, le 27 janvier 1681 le prêtre de la paroisse raconte que la comète qu’il observe alors est présente dans le ciel depuis le 23 décembre et que celle-ci apparaissait de nouveau vers le soleil couchant « montant sur notre hémisphère de jour en jour ». Il ne manque pas de terminer « Dieu soit glorifié en tout ». (voir l’image)


Enfin, bien plus tard, le prêtre de Solignac-sur-Loire en Haute-Loire, évoque en décembre 1743 l’arrivée d’une nouvelle comète « pendant environ six semaines du même côté un peu après le coucher du soleil, et ensuite elle apparut du côté du levant pendant deux ou trois semaines quelques temps avant le lever du soleil ». Il conclut par « on ne pouvait pas tirer de l’opinion publique que cette comète ne fut un pronostique de quelque fléau ». Il parle ici de la grande comète de 1744, la sixième comète la plus brillante de tous les temps. (voir l’image)



Des ressources pour retrouver des actes insolites sur les phénomènes célestes : 

- Dans les archives, tout simplement !

Geneadom - « Quand nos ancêtres parlaient de catastrophes et phénomènes naturels »

Geneactinsolites - « A la découverte de l’Histoire, des traditions et des évènements du passé »

Archives insolites 86


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