Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi - Chapitre 7. Jeanne va enfin rencontrer son futur mari et commencer sa nouvelle vie en Nouvelle-France…
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Nous sommes au début du mois d’août 1670. A peine arrivées, il est déjà temps pour les Filles du Roi de trouver un mari, même mieux, de le choisir comme leur a promis le roi. Les rencontres s’organisent de différentes manières : les religieuses proposent des veillées et le gouverneur ouvre les portes de sa maison pour y donner un bal. En tous cas, tout le monde prend la chose très au sérieux. Les hommes se font beaux, ils se lavent, recousent leurs chemises pour plaire à l’une des jeunes filles. Et quant à elles, encore fatiguées du voyage, elles revêtent leurs plus beaux jupons et coiffes.
Ces rencontres sont chaperonnées, les choses ne doivent pas aller trop vites non plus ! On conseille vivement aux jeunes filles de choisir un homme qui a déjà une maison ou cabane et une terre, un Habitant; de ne pas choisir le premier venu et de s’assurer que l’homme est bien portant et avec quelques économies. Finalement, la pression est grande pour les hommes. En plus des amendes données par Jean Talon aux célibataires, les pères ont l’obligation de justifier au greffier du célibat de leurs fils de 20 ans et ceux-ci risquent d’être privés du droit de chasser et du droit de traite. Mais le choix n’est pas si simple pour les Filles du Roi. Comment choisir un homme qu’elles ne connaissent pas ? Elles ne parlent parfois même pas le même patois ! Certaines choisiront plusieurs maris avant de signer un contrat de mariage, on ne peut pas toujours parler de mariage d’amour…
L'arrivée des Filles du Roi - Eleanor Fortescue Brickdale - avant 1927
Jeanne, qui vient tout juste de fêter ses 19 ans, choisi, un petit mois après son arrivée, d’épouser Charles Petit. Elle recevra 50 livres de dot supplémentaire, une importante somme d'argent quand on sait que cela représente près d'un an de labeur pour un ouvrier, sous la forme d'objets divers, de meubles ou parfois d'animaux. Ils signent leur contrat de mariage le 24 août 1670 devant le notaire Romain Becquet. On compte plus de 20 contrats de mariage entre le 23 et le 25 août 1670, tous de Filles du Roi. Le couple est marié le 1er septembre suivant par le curé Henri de Bernières de l’église Notre-Dame de Québec. Sont présents au mariage des amis du mari : la demoiselle Elizabeth Etienne; Denis Joseph Ruette, écuyer et sieur d’Auteuil et de Monceaux; le sieur de Gaudarville ainsi que Jean-Baptiste Gosset et Claude Morin ses témoins. Mais surtout, Anne Gasnier, veuve du feu sieur Jean Bourdon, écuyer et Seigneur de Dombourg et membre du Conseil Souverain, assiste également au mariage. Cette dame a fait en sorte de faire venir de nombreuses Filles du Roi à Neuville, c’est d’ailleurs l’endroit où il y a eu le plus de mariages de Filles du Roi avec des habitants.
Acte de mariage de Charles Petit x Jeanne Rossignol - Source : FamiliySearch - Quebec, Catholic Parish Registers, 1621-1979
Charles Petit est né en 1639 à Anneville en Seine-Maritime de l’union de Jean Petit et Anne Mauger. Si on ne connaît pas la date exacte de son arrivée en Nouvelle-France, on le retrouve dans le recensement de 1666 mené par Jean Talon. Il a 27 ans et travaille à l’Île d’Orléans. C’est un Habitant, il a une maison, une terre et vit dans la Seigneurie de Dombourg, plus connue comme le village de Neuville ou le « grenier de la Nouvelle-France ».
Une fois le mariage déclaré, il est déjà temps de se préparer pour l’automne. Le couple rentre à Neuville, le village ne se trouve qu’à une marée en canot de Québec…
A lundi pour la suite de notre Challenge AZ et de notre histoire d'ancêtre grand format : Le destin de Jeanne Crossonneau Rossignol, Fille du Roi.
Maud de Geneafinder